Nos vies se déroulent au sein de collectifs : familles, écoles, communautés, associations, clubs, organisations, nations… Quand nous nous interrogeons sur leurs modes de fonctionnement, nous en faisons le plus souvent un bilan mitigé. Il y a les instants de joie, les connexions fortes, les expériences nourrissantes, les réussites vertueuses, les utopies crédibles. Il y a tout autant les moments de frustration, les débats stériles, les bureaucraties aliénantes, les inégalités douloureuses, la violence institutionnelle, la marginalisation inhumaine, l’inertie de la société face au défi écologique.
Les asymétries de pouvoir, les hiérarchies descendantes, la culture dominante centrée sur le marché, la concurrence et le capitalisme nous conduisent collectivement à un sentiment d’impuissance menant au désengagement citoyen voire à la tentation des extrêmes. Nous faisons face à des problèmes complexes, aux enjeux majeurs qui nécessitent des réponses impliquant de multiples parties prenantes, dont les citoyens en premier lieu, avec des modes de gouvernance inclusifs insuffisamment pratiqués et connus à ce jour.
Nous sommes certainement nombreux à partager les analyses de Dee Hock qui affirme :
Le dernier rapport du GIEC sur le climat en est une illustration, parmi tant d’autres, de l’incapacité des élus à faire face aux enjeux actuels : emberlificotés dans des faisceaux d’alliances et d’intérêts personnels court terme, ils ne portent pas les enjeux collectifs long terme. Nous, citoyens, le pouvons.
Il y a dans notre société actuelle un déficit d’éducation aux principes d’intelligence collective, une carence de compétences de la conduite de dialogues réellement constructifs entre pairs, un manque d’acculturation au fonctionnement des communs.
Le développement actuel de la formation à l’intelligence collective repose sur une logique exclusive de marché qui prive tout un ensemble de publics de la possibilité d’y accéder et d’apprendre ces autres modes d’organisation visant le bien faire autant que le bien vivre et le bien être. Or, le système dominant n’a qu’un intérêt limité à favoriser l’émancipation des personnes et des collectifs. Il est donc crucial de rendre l’accès à de nouvelles pratiques collectives, génératives et soutenables, plus ubiquitaires dans la société.
Depuis 2019, les
Progressivement les Maisons de l’Intelligence Collective deviennent des agoras permanentes, portées par des tiers lieux pour permettre une initiation à l’intelligence collective plus large encore. Cette phase répond au besoin d’apprentissage de la démocratie directe et favorise l’accroissement des communs comme mode organisationnel soutenable et désirable.
Ce collectif s'est constituté en Société Coopérative d'Intérêt collectif (SCIC) les Maisons de l’Intelligence Collective pour permettre l’alliance multi-acteurs dans ses actions et sa gouvernance.
Un collectif praticien.nes de l’intelligence collective grandit au fil des années, nombre d’entre eux.elles formé.es au D.U. Intelligence Collective de l’Université de Cergy Paris. Certain.es sont indépendant.es ou salarié.es, d’autres dirigeant.es associatifs, d’autres exercent dans le secteur public, d’autres encore dans des organisations privés.
Tou.te.s ont le souhait d’inscrire leur action dans la perspective d’un fort impact sociétal. Toutes les créations et productions sont partagées en mode Creative Commons CC-BY-SA afin d’en faciliter l’usage, l’appropriation et l’expansion. Le but est de favoriser, de manière émergente et sans contrôle centralisé, la naissance de multiples Maisons de l’intelligence collective acceptant la charte fondatrice (comme les FabLabs ont su le faire).
Il s’agit de contribuer à réencastrer l’économie dans le social, selon les termes de K. Polanyi, au lieu du mode inverse actuellement dominant.
Nous avons à coeur que nos pro-actions servent les populations “délaissées”, non touchées par le mode Services, pour qui notre projet éducatif crée des espaces d’apprentissages, de dialogue et d’acculturation à l’intelligence collective et aux communs. Sont concernés en priorité :
Nous mesurons l’évolution du sentiment d’autodétermination de ces publics.
En parallèle, nos services sont destinés aux organisations de l'Economie Sociale et Solidaire, publiques et privés qui financent déjà par elles-mêmes et de manière croissante des interventions visant au développement de leur intelligence collective. Cet axe, ne sert en revanche qu’une partie privilégiée de la population et délaisse des acteurs pourtant essentiels à un renouvellement massif des pratiques démocratiques. A lui seul, il ne permet pas une vitesse de déploiement de nouvelles pratiques d’intelligence collective compatibles avec les besoins pressants de la société. Il vient en synergie de l’axe pro-actions.
Notre planète a connu son évolution générative par l’intelligence collective à l’oeuvre et omniprésente dans la nature... jusqu’à ce que nous, humains, enfermions nos actes et nos modes de pensée dans des pyramides organisationnelles extractives et écocides.